À mesure que l'armée évolue vers la dispersion, l'autonomie et la rapidité, les modèles traditionnels de réapprovisionnement s'effondrent. Soutenir l'opérateur devient un problème de conception. Le QRR reflète cette logique : intégré, planifié et fluide.

Joost Tuinman – Aperçu du service et des réalisations
• Service et grade
•⁠ ⁠Lieutenant-colonel, Armée royale néerlandaise – Opérations spéciales
• Plus de 20 ans d'expérience militaire, y compris un service de longue durée au sein des Korps Commandotroepen et des rôles d'état-major stratégique
•⁠ ⁠Depuis juin 2025 : Directeur / Chef de projet Systèmes sans pilote chez AI–Armaments BV
•⁠ ⁠Formation académique
•⁠ ⁠MSc en analyse de la défense (guerre irrégulière) – Naval Postgraduate School, États-Unis
•⁠ ⁠MA en études opérationnelles (sécurité et défense) – US Army Command & General Staff College
• BSc en sciences opérationnelles militaires – Académie militaire royale des Pays-Bas
•⁠ ⁠Fonctions clés
•⁠ ⁠Assistant militaire du commandant de la mission de l'OTAN en Irak (2024)
• Commandant adjoint, TF Drones (2024-2025)
•⁠ ⁠Groupe consultatif du commandant en chef – NLD SOCOM (2022-2024)
• Officier supérieur d'état-major, Manœuvre terrestre (Développement des capacités), État-major de la Défense
• Postes de commandement opérationnel dans les unités d'infanterie et des SOF (2001-2017)
•⁠ ⁠Déploiements et expérience sur le terrain
• Déploiements opérationnels au Moyen-Orient et en Afrique
•⁠ ⁠Expertise en concurrence stratégique, développement des capacités et innovation doctrinale
•⁠ ⁠Décorations
•⁠ ⁠Croix de bronze
•⁠ ⁠Médaille commémorative des opérations de paix
•⁠ ⁠Médaille de l'OTAN
•⁠ ⁠Croix de Long Service avec le chiffre XX
•⁠ ⁠Marches de quatre jours Cross
•⁠ ⁠Publications
•⁠ ⁠Auteur collaborateur, Into the Void : opérations spéciales après la guerre contre le terrorisme
• Spécialiste de la relation entre le comportement tactique, l'effet stratégique et la doctrine des SOF
•⁠ ⁠Contexte personnel
•⁠ ⁠Frère jumeau du secrétaire d'État néerlandais Gijs Tuinman, récipiendaire de l'Ordre militaire de Guillaume

Redéfinir le maintien en puissance pour le nouvel espace de bataille
La nature de la guerre évolue plus vite que les systèmes censés la soutenir. Autonomie, dispersion, gestion des signatures et grande mobilité sont devenues la norme, et non l'exception. Quiconque considère encore la logistique en termes de volume, d'itinéraires et de réapprovisionnement centralisé est en retard.

L'opérateur comme point de référence
Au cours de mon expérience au sein des SOF et des déploiements multinationaux, j'ai constaté une évolution constante : moins d'infrastructures, plus de recours à l'individu. La technologie s'est développée, mais les marges d'erreur se sont réduites. Dans ce contexte, le maintien en puissance n'est pas un dérivé de la logistique ; c'est la logique.

La nutrition joue un rôle essentiel, mais souvent sous-estimé. Non pas comme réconfort, mais comme condition préalable à la prise de décision, à la récupération et à la performance. Les systèmes traditionnels sont trop lents, trop lourds et trop fragiles. Ils ne peuvent soutenir des équipes autonomes déployées en avant. Ce qu'il faut, c'est une nutrition systémique : conçue comme un multiplicateur de force, et non comme un complément d'alimentation.

Du réapprovisionnement à la pré-intégration
Ce qui m'a marqué dans le projet QRR, c'est qu'il ne s'agit pas de nourriture, mais d'opérations. La question n'est pas « que mange quelqu'un », mais « comment une unité peut-elle rester autonome sans délai tactique ». La barre n'est qu'un support. Le concept est celui d'une nutrition intégrée à la mission. Un seul emplacement dans votre équipement. Pas de préparation. Pas de bruit. Pas de dépendance.
Ce n'est pas un détail. Dans un environnement défini par la surveillance par drone, la gestion des signatures électroniques et la dispersion physique, c'est la différence entre agilité et exposition.

L'anticipation est une responsabilité
En tant que commandant et conseiller stratégique de l'OTAN et du NLD SOCOM, j'ai vu à maintes reprises des missions prometteuses échouer en raison de retards logistiques, d'un manque de soutien ou de l'épuisement des opérateurs. Non pas intentionnellement, mais à cause de systèmes inadaptés aux opérations modernes.

Le QRR n'est pas une solution miracle, mais une solution d'avenir. Conçu de manière systémique : compact, précis, reproductible et opérationnel en quelques secondes. Il ne s'agit pas d'un « ajout », mais d'une capacité intégrée. Et c'est ce dont nous avons besoin si nous voulons que les humains soient performants dans la réalité opérationnelle d'aujourd'hui.

La nutrition fonctionnelle comme infrastructure : appliquer la science de Wageningen aux contraintes du monde réel
En tant que scientifique agroalimentaire formé à l'Université et au Centre de recherche de Wageningen, j'aborde la formulation sous l'angle de la fonction, et non de la mode. Je me concentre sur le comportement des ingrédients dans des conditions extrêmes : cycles thermiques, restriction calorique, charge cognitive, manque d'appétit ou de temps de préparation.

Lors du développement de la ration à réponse rapide (QRR), cette expérience est devenue essentielle. Il ne s'agissait pas d'un exercice culinaire, mais d'un problème de conception de systèmes : comment stabiliser et distribuer une alimentation compacte et autonome, tout en restant efficace sous des contraintes militaires ?

La pensée de Wageningen : les ingrédients dans le contexte du système
À Wageningen, nous sommes formés pour regarder au-delà des nutriments individuels. La véritable question est : comment un composé se comporte-t-il dans un système contraint ? Dans ce cas, il s'agissait d'une ration prête à consommer et longue conservation contenant :

Sans stabilisants synthétiques
Saveur neutre après exposition répétée
Performances stables dans la chaleur et le froid
Digestibilité complète même en cas de stress
Chaque ingrédient devait être sélectionné non seulement pour son contenu nutritionnel, mais aussi pour sa stabilité physique, sa résilience métabolique et sa compatibilité avec la matrice. C'est là que ma formation scientifique a croisé directement les exigences opérationnelles.

Un rôle pour la chlorella fonctionnelle
L'un des intrants répondant à ces exigences était la Chlorella Diamant et Dorée d'Alver. Bien qu'Alver ait fourni l'ingrédient, son inclusion reposait sur une évaluation de type Wageningen : empirique, axée sur les contraintes et les résultats.

Chlorella a montré :

Stabilité thermique et oxydative dans différents climats
Compatibilité avec les matrices lipidiques-protéiniques, sans notes désagréables ni agglutination
Absorption efficace en cas de fatigue, sans effort digestif
Soutien à la fonction immunitaire et à la réparation cellulaire, via des micronutriments et des bêta-glucanes
Il ne s’agissait pas de fonctionnalités bonus, mais d’exigences de base.

La reproductibilité comme garantie de performance
Le plus important était la régularité. Comme dans toute ingénierie nutritionnelle appliquée, la reproductibilité est le gage de réussite. Le QRR devait fonctionner de la même manière pour chaque utilisateur, dans toutes les conditions. Le comportement neutre et l'accessibilité métabolique de la Chlorella ont contribué à cet objectif.

La nutrition comme couche de capacité
Ma contribution au QRR ne consistait pas à créer un produit, mais à traduire la précision scientifique en fiabilité opérationnelle. Wageningen m'a appris à considérer l'alimentation comme une infrastructure : quelque chose qui doit fonctionner, et pas seulement nourrir. Le QRR n'est pas un en-cas. C'est une interface conçue pour relier la physiologie humaine à la performance durable.

Ce principe – la nutrition comme capacité artificielle – a guidé chaque décision prise dans cette formulation. Et il demeure, à mon avis, la seule norme valable pour la nutrition sur le terrain à l'avenir.

Dix années passées dans les opérations spéciales m'ont appris ce qui compte vraiment sur le terrain. Poids, volume, furtivité : ce ne sont pas des préférences, ce sont des critères essentiels à la mission. Le QRR répond à ces critères : faible bruit, faible poids, faible volume et, surtout, il est tactiquement utilisable. La bonne énergie, quand et où vous en avez besoin.

Aperçu de l'expérience et des distinctions
• Service et grade
Sous-officier supérieur, Forces spéciales royales néerlandaises – Korps Commandotroepen
10 ans de service actif dans des missions SOF
Opérateur et instructeur dans le programme de sélection des forces spéciales
•⁠ ⁠Déploiements et expérience sur le terrain
Plusieurs tournées en Afrique et au Moyen-Orient
Expert en reconnaissance à longue portée, en action directe et en assistance militaire
•⁠ ⁠Rôles d'enseignement et de conseil
Instructeur de compétences SOF de base et avancées
Instructeur de sniper et de contre-sniper
Testeur opérationnel sur le terrain dans les essais de mobilité et de nutrition
Conseiller du programme de développement QRR depuis 2024
•⁠ ⁠Compétences clés
Nutrition de combat dans des conditions extrêmes et tactiques
Intégration tactique des systèmes de soutien sur le terrain

Nutrition testée sur le terrain sous pression
Après dix ans au sein des SOF, en mission et comme instructeur, mon point de vue sur l'équipement est clair : s'il prend de la place et pèse lourd, il doit justifier sa présence. Cela inclut la nourriture.

La plupart des rations sont conçues pour des soldats moyens, avec un soutien véhiculaire. Elles privilégient les calories plutôt que le rendement par gramme. Nous les réduisons souvent ou les remplaçons par des produits civils plus efficaces. Certains opérateurs les abandonnent complètement pour réduire le poids et le volume. Mais lorsque vous manquez de temps, de glucides ou que vous n'avez pas de préparation, le QRR est la solution.

Conçu pour le monde réel
Le QRR est conçu pour une utilisation réelle, pas pour des listes de contrôle. Il est infroissable, antireflet et résistant à la chaleur comme au froid. Les deux variantes couvrent la plupart des terrains sur lesquels nous opérons. Comparez cela à des sacs en aluminium brillants avec des avertissements orange : aucune logique tactique.
Vous pouvez utiliser le QRR la nuit, manger avec des gants, le diviser en portions et le glisser à plat dans votre porte-assiettes. Pas de chauffage. Pas d'outils. Pas de configuration. Sur le champ de bataille d'aujourd'hui, avec les drones, l'optique thermique et la surveillance électronique, rester dans l'obscurité, silencieux et mobile n'est pas une option.

En pratique
Le goût est neutre. Pas de pic de sucre, pas de nausées, pas de coup de barre. Je l'ai utilisé par 40 °C et après 48 heures sans sommeil, sans problème. Une barre vous apporte 407 kcal. C'est la prévisibilité. Elle supporte la pression, la chaleur et le froid. Elle ne s'effrite pas. Elle ne fond pas. Elle est performante.

La simplicité sous pression
Sous le stress, la simplicité l'emporte. Une barre remplace quatre aliments en vrac. Pas de choix, pas de préparation. Juste du carburant. On mange. On bouge. On reste vif.

On ne fait pas l'Everest comme ça. Pas moi, en tout cas. On le planifie. On s'entraîne dur. On y met du sien.
Rien de tout cela ne semble normal, ni réalisable dès les premières réflexions. C'est surhumain.

On parle souvent du « sommet », mais ce n'est qu'une journée. Ce qui compte bien plus, ce sont les mois et les semaines qui précèdent : les cycles d'acclimatation, les portages entre les camps, l'attente, les répétitions, le froid. Tout le voyage.

L'aspect mental – le doute, la concentration, le temps passé loin de la famille – est plus difficile que l'aspect physique. Du moins, d'après mon expérience. Je suis sûr que chacun de ceux qui sont passés par là a son propre point de vue.

J'ai remonté le versant nord, depuis le Tibet. Moins fréquenté que le sud, mais plus difficile. Traversées plus longues. Plus de vent (généralement) et nuits plus froides.
J'ai grimpé sans assistance au-dessus du camp de base. Pas d'assistance sherpa, pas de porteurs. Je n'ai pas utilisé d'oxygène d'appoint avant le camp 3. De là jusqu'au sommet et retour, j'en ai utilisé.

La nourriture devient partie intégrante de ce système.
Au-delà de 6 500 mètres, l'appétit se coupe. On mange par discipline ou par routine, et non par envie. Les Sherpas répétaient sans cesse la même chose : « Mange. Toujours mange. Toujours écoute les Sherpas. »

J'ai apporté ce que j'emporte habituellement : des crackers nature, du sel, des noix, des gélules molles et du riz blanc. Des protéines pour les moments de repos. Mais j'ai aussi ajouté 10 unités d'une nouveauté que je testais pour FRONTIER : une ration-repas compacte appelée QRR.

Je ne l'ai pas emporté comme un aliment miracle, ni pour aider quelqu'un d'autre. Je l'ai emporté parce qu'il était riche en énergie, ne nécessitait aucune préparation et prenait très peu de place.
La recherche axée sur l’altitude qui sous-tend ce projet était quelque chose que j’ai trouvé vraiment intéressant à tester dans des conditions réelles.

En altitude, l'espace est primordial — et chaque gramme que vous emportez en haut d'une montagne, Everest ou non, vous coûte de l'énergie que vous essayez de préserver à tout prix.

### *Journal nutritionnel du jour du sommet*Tomas E. Rauk | Arête nord du mont Everest | Mai 2024*Apport : 10 QRR (±4 100 kcal)**Contexte* L'ascension vers le sommet a commencé de nuit depuis le camp 3 (±8 300 m), avec un apport en oxygène dès le départ. L'effort complet a duré environ 16 heures, du camp d'altitude au sommet et jusqu'au camp inférieur (~6 400 m). L'appétit était considérablement réduit — typique à cette altitude — donc tout devait être compact, tolérable et prêt à l'emploi. Les QRR ont été utilisés avec de l'eau et une base minimale de rations standard (craquelins, thé, sucres simples).

### *Aperçu de l'apport**Camp 3 (±8,300 m, 21:00)* • 1 QRR, consommé progressivement pendant l'équipement et la préparation de l'oxygène
• Objectif : précharger les calories utilisables avant l'effort sous oxygène
• Résultat : aucune gêne ; bien toléré malgré un faible appétit

*Phase d'ascension 1 (±8.000–8.200 m, 00:00–02:30)* • 1 QRR lors d'une courte pause sous le premier pas
• Pris avec 150 ml de liquide chaud
• Objectif : maintenir le rythme et la clarté mentale pendant la poussée initiale

*Crête supérieure (±7.800 m, \~04:30)* • 1 QRR en plusieurs parties — première bouchée avant la crête, reste avant la poussée finale
• Résultat : effort minimal, digestion propre, aucun problème gastro-intestinal

*Sommet (8,848 m, ±07:15)* • Pas d'apport — trop froid, la gestion du masque était prioritaire
• 1 QRR transporté mais non consommé

*Descente précoce (±8.500–8.000 m, 08:00–10:30)* • 2 QRR, espacés sur deux arrêts
• Objectif : maintenir le rythme et la concentration pendant la phase de descente exposée

*Mi-descente (±7.200 m, \~12:30)* • 1 QRR pendant le repos structuré
• Appétit partiellement revenu, aucun problème de digestion

*Descente inférieure (±6.800–6.400 m, 14:00–17:00)* • 3 QRR :
– Un à \~6.800 m
– Un à près de 6 500 m
– Un après l’arrivée au camp inférieur (récupération)
• Tout s'est déroulé facilement, sans aucune résistance


### *Résumé* * *Apport total* : 10 QRR ≈ 4.100 kcal
* *Distribution* : réparti uniformément sur toute la fenêtre d'effort
* *Avantages observés* :
– Pas de troubles gastro-intestinaux
– Aucune préparation ni ustensiles
– Entièrement toléré malgré l’anorexie de haute altitude
– Pas de chutes d’énergie majeures ni de baisses mentales

*Est-ce que je reprendrais le QRR ?* Oui. Pas comme solution nutritionnelle complète, mais comme outil fiable quand rien d'autre ne fonctionne.
Il ne gèle pas. Il ne demande pas d'eau. Il ne vous combat pas lorsque votre corps rejette déjà la plupart des aliments.
Du moins, c'est comme ça que ça a fonctionné pour moi.